En Martinique, toujours pas de souci

Lors de notre visite de la Dominique, nous avons rencontré un Français aux Titou Gorge  qui cherchait à rentrer en Martinique pour rejoindre sa soeur. Bateaustoppeur, comme nous le surnommons maintenant, avait déjà acheté son billet de ferry faisant la navette entre les deux îles. Or, le ferry étant lui-même surnommé vomit-boat, il nous proposa de se joindre à nous pour la traversée plutôt que d’utiliser son billet bon pour les toilettes. C’est une première pour nous d’accepter des étrangers à bord, mais pourquoi refuser une paire de bras supplémentaire aidant aux manœuvres?

Le vent étant capricieux et changeant au couvert de l’île, nous quittons l’ancrage avec la grand-voile levée et avec le moteur aidant. À la pointe, j’aperçois un îlot de sargasse, cette algue flottante qui s’empêtre si facilement dans notre hélice. J’essaie de le contourner par la gauche, espérant voir un couloir entre les algues et l’île. Je réalise trop tard mon erreur, j’aurais dû passer plus d’un mile au large. Nous coupons donc le moteur et continuons au travers à voile. Seconde erreur; la sargasse se trouve précisément à la pointe de l’île où le vent est nul et elle nous freine complètement. Un autre voilier, nous suivant 200 mètres derrière nous fonce droit dessus. Il pensait faire une bonne action pour venir nous chercher, mais le voilà lui aussi freiné par la sargasse et il nous frôle de peu. Nous voici donc, deux voiliers toutes voiles dehors, à tourner en rond et chercher le vent au milieu d’un banc de sargasse. Superbe première expérience pour bateaustoppeur… Ya man!

Au bout de quelques minutes, le vent nous ressort de ce pétrin par où nous sommes entrés et nous continuons notre route plus au large. Plus loin, nous croisons le fameux vomit-boat faisant la navette entre la Dominique et la Martinique. Celui-ci fonce à 25 noeuds à travers les vagues et nous pouvons presque voir de verts passagers sur son pont. De notre côté, le bateau se fait pratiquement bercer par les vagues qui tranquillement le poussent sur le côté et nous filons à une allure beaucoup plus lente mais respectable de 7.5 noeuds. Après 5 heures à ce rythme, nous arrivons au large de la Martinique et un banc d’une vingtaine de dauphins nous accompagne en faisant de belles cabrioles pour quelques minutes. Même s’il a été retardé par notre lenteur, Bateaustoppeur est heureux de son choix et nous avons aussi apprécié l’expérience.

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Jardin de Balata

Martinique est synonyme pour bien des Français de destination de vacances des tropiques par excellence. Pour nous, elle représente le début de la fin de notre périple. Nous avons pris la décision de limiter le voyage à un an et de ne pas refaire le pénible trajet inverse pour remonter le bateau au Lac Champlain. ous ne voulons pas non plus avoir à s’occuper d’un bateau dans le Sud pendant que nous travaillons à temps plein. Or, le père de Catherine, Mario, prend sa retraite à la fin de l’année et il rêve d’un jour traverser l’Océan Pacifique en voilier. Boréas poursuivra donc sa route, mais avec un nouveau propriétaire.

 

Les parents de Catherine nous rejoignent le 17 juin pour nous accompagner jusqu’à notre destination finale, Grenade. Une compagnie locale, Location Saint-Pierre, offre des voitures à louer pour 8 euros par jour. Nous sautons sur l’occasion et visitons les routes sinueuses de l’île à bord d’une petite Fiesta manuelle. Sur cette île des Caraïbes, encore une fois nous découvrons de belles randonnées au travers de la forêt tropicale et de superbes cours d’eau où nous rafraîchir. Le village de Saint-Pierre constitue un autre point marquant de notre visite. Décimée en 1902 par l’éruption de la Montagne Pelée, la ville est devenue une destination touristique grâce à ses ruines bien conservées et surtout à la popularité du seul rescapé de l’éruption, Louis-Auguste Cyparis, qui fut même la vedette du fameux cirque Barnum and Bailey’s. L’ivrogne du village purgeait un

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Prison de Louis-Auguste Cyparis en bas à droite

court séjour en prison quand le volcan explosa. Contrairement aux 30 000 victimes de la catastrophe, il fut sauvé par l’épaisseur des murs de la geôle, la petitesse de ses fenêtres et surtout son orientation qui faisait dos à la montagne. Aujourd’hui, un petit port de pêche et un village se sont développés autour des ruines et nous pouvons nous alimenter en fruits et poissons frais au marché sur le bord de l’eau. Encore une fois, la météo nous dicte la date de départ: de grosses vagues sont

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Théâtre détruit par l’éruption

annoncées pour le 24 juin et nous quittons donc le 22 juin, jour de ma fête, pour Sainte-Lucie. Avec 4.2 membres d’équipage à bord, nous ne manquons pas de bras pour barrer et ajuster les voiles malgré le fort vent et les hautes vagues qui frappent le bateau. Pour une dernière fois: Ya pas de souci!

 

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